L’objectif des +1,5° de l’Accord de Paris (COP21) a vécu. En travaillant désormais à l’adaptation d’une France à +4°C de réchauffement climatique d’ici 2100, le Ministère de la Transition écologique acte une nouvelle séquence en ce début d’année 2024. Mais s’adapter ne signifie pas renoncer.
C’est une petite révolution pour celles et ceux qui suivent les sujets RSE et les négociations climatiques car parler d’adaptation et lâcher le +4°, c’est avouer que l’on ne croit plus à l’objectif des +1,5° de l’Accord de Paris et qu’il serait sérieux d’arrêter de faire semblant. Pour les néophytes, ces chiffres sont tellement abstraits que ce changement d’unité glisse comme sur les plumes d’un canard mais pour les plus avertis, ce signal est quand même inquiétant.
2024 marque un tournant de la lutte contre les changements climatiques et lance une nouvelle séquence. Nous nous arc-boutions sur une tension climatique de moins en moins crédible, calée sur un plafond d’émissions déjà atteint. Il nous faut, désormais, regarder avec lucidité la vérité qui s’impose à nous, la prévoir et s’organiser est notre meilleure chance de l’éviter, en se préparant à de nouvelles et probables conditions de vie extrêmement critiques pour les humains et leurs activités.
Au moment de l’Accord de Paris, les scientifiques alertaient les décideurs sur le risque d’un emballement climatique hors de contrôle si l’on dépassait les 2°. Aujourd’hui, nous savons que si l’ensemble des pays signataires respectaient leur trajectoire, on serait déjà à + 2,7° à horizon 2050. Mais trop d’inaction, de résistances au changement et d’intérêts contradictoires demeurent en fait. D’où le fameux + 4°. Un tel niveau de réchauffement sera accompagné d'une cascade d'événements dont nous allons indéniablement devoir faire face. Par exemple : des vagues de chaleur qui pourront durer deux mois ou plus dans le sud de la France avec des canicules extrêmes (+45°) la disparition des glaciers français avec un impact majeur sur la biodiversité et l'eau, des épisodes de pluies intenses dans le nord de la France avec un risque fréquent d'inondations, des pénuries d'eau tout au long de l'année, des ilots de chaleur urbains… Des secteurs entiers de notre économie sont concernés et seront contraints de s’adapter. L’agriculture en premier lieu. Les infrastructures, les réseaux, le transport, les conditions de travail : tout va être bousculé et nécessite qu’on s’y intéresse tous et dès maintenant car ça va secouer fort !
L’aggravation comme un accélérateur de mobilisation et d’émergence de nouveaux modèles d’affaires. Combien de matchs n’ont-ils pas basculé in extremis ? Combien de batailles perdues dans chaque guerre gagnée ? Confondre adaptation et résignation c’est nier le génie de l’humanité : son sens de l’adaptation, précisément. La mobilisation planétaire contre la covid l’a encore démontré. Les entreprises et leurs forces vives peuvent reprendre ce génie à leur compte pour inventer le monde de demain.